
Tous les jours, les enfants pour se rendre à l’école doivent traverser le check point (point de contrôle) situé à l’entrée du village. An Nu’man est un village d’environ 200 habitants. Bien que le village soit considéré comme appartenant à la municipalité de Jérusalem depuis 1967, les autorités Israéliennes refusent d’accorder aux habitants une carte d’identité stipulant qu’ils appartiennent à la municipalité de Jérusalem. C’est pour cette raison que les habitants de ce village sont considérés comme étant « des personnes habitant illégalement dans leur maisons ».
Les personnes n’habitant pas ce village (familles, amis, médecins, ambulances) n’ont pas accès a ce village et n’ont pas le droit d’y entrer.
Le village est isolé, ses habitants subissent l’intimidation et les différentes formes d’ harcèlements régulièrement de la part des soldats contrôlant la frontière entre le village et la route qu’empruntent les habitants de la colonie de Har Homa. L’idée est de les faire partir petit à petitIl n’y a pas d’école dans le village, les enfants doivent donc tous les jours passer par le Check point (point de contrôle), là ou pour la plupart du temps ils subissent les taquineries, les harcèlements et les humiliations des soldats.
Deux jeunes adolescents ont pu témoigner : Samar 12 ans a eu une mitraillette pointée sur sa tempe pendant 5 minutes, il y a quelques semaines lors d’un passage au check point, et Wael 15ans est régulièrement entièrement déshabillé par les soldats. Les enfants rigolent en nous racontant cela, « pour nous c’est normal on les connait maintenant, si il ne se passe rien au check point ce n’est pas normal ! »
Nous avons donc suite à ces témoignages décidé de montrer notre présence plus régulièrement au Check point d’An Nu’man. Lorsque les enfants reviennent de l’école nous restons aux alentours. Il est évident que nous ne sommes pas les bienvenus, les soldats nous font comprendre que nous n’avons rien à faire ici.
Nous avons contacté Efrat une Israélienne activiste qui est bénévole pour une organisation Israelo Palestinienne appelée Ta’ayush www. Taayush.org (ce qui signifie « vivre ensemble »). Elle nous a accompagné en voiture, au check point le soldat n’était pas content en voyant qu’elle était Israélienne (les Israéliens n’ont pas le droit d’entrer en Cisjordanie) « c’est la Cisjordanie ici, vous n’êtes pas autorisé à entrer » Efrat réplique « ah bon ? Je pensais que selon les lois Israéliennes c’était encore Jérusalem ici ». Le soldat énervé nous a pris nos passeports, nous voyions Efrat et le soldat s’énerver.
Après 25 minutes d’attente le soldat nous a rendu nos passeports. En allant au village, Efrat m’a dit « Je peux dire par les mots qu’il utilisait qu’il est complètement raciste, si il se comporte comme cela avec moi qui suis Israélienne je n’ose même pas imaginer son comportement avec les enfants ».
Nous avons eu l’idée de monter un atelier de travaux manuels avec les enfants du village. Le but de cet atelier d’art est de faire bénéficier les enfants d’une activité plaisante, un espace où ils peuvent se détendre passer un bon moment. Un lieu où ils peuvent s’évader de leur quotidien parfois traumatisant. L’intérêt est que a travers cet atelier les enfants puissent nous identifier, avoir confiance en nous et savoir que si nous sommes au check point nous sommes de leur coté, qu’ils peuvent compter sur nous et témoigner de ce que les soldats leur font subir.
L’atelier d’artisanat est un réel succès, les enfants sont ravis et en redemandent chaque semaine. Lors du premier atelier les enfants étaient tous autour de nous, l’un d’entre eux m’a dit avec le peu d’anglais qu’il avait « Please, come back every day !!» (« S’il vous plait revenez tous les jours »).
Pour moi la joie de ces enfants c’est une petite lueur d’espoir, de joie et beauté dans cette situation si difficile, une petite goutte d’eau dans l’océan.
Ecrit par Hannah BENKEMOUN (photos Stefan Olson)